mardi 1 novembre 2016

Un paquebot dans les arbres, de Valentine Goby

Dans la famille Blanc, je demande le père, Paul, alias Paulot pour les intimes, cafetier de son état, véritable boute-en-train, qui n'hésite pas à payer de sa personne pour égailler les journées et soirées du Balto, pour le plus grand plaisir de ses clients.

Dans la famille Blanc, je demande la fille, Mathilde, véritable garçon manqué, gamine trompe-la-mort, qui est prête à tout pour être aimée de Paulot qui n'a d'yeux que pour son autre fille, Annie.

Sauf que Paulot (et plus tard sa femme Odile) sera frappé par tuberculose; l'obligeant lui et sa famille à quitter le Balto après 17 ans de bons et loyaux services, et à déménager dans la maison d'en face. Ce qui revient à tout brûler, le passé comme le futur, et à les plonger dans un isolement et un silence sans noms.

Les fièvres déclarées dans le village de La Roche les obligeront à le fuir - en parias et comme des rats - en s'installant un peu plus loin, à Limay (en ces temps, les tubards étaient enterrés dans un cimetierre séparé, comme s'ils continuaient à faire peur, même une fois morts...).

S'ensuivra une lente et inexorable descente aux enfers, d'épicerie en faillite aux loyers impayés, en passant par marchands de frites ambulants et éleveurs de souris pour les laboratoires Pasteur.

Même la faim finira par s'inviter à leurs repas qui n'en portent que le nom, limités le plus souvent à des patates et à des oeufs.
La maladie déclarée chez la mère Odile impliquera la prise en charge des enfants par l'assistance sociale, et leur envoi en familles d'accueil. C'est le début de la fin.

Sans argent, Mathilde devra faire preuve d'un courage et d'une énergie à toute épreuve afin de s'en sortir, après avoir fait une tentative de suicide à dix-huit ans à peine, suite à son incapacité à entrevoir un avenir serein.

Dans ce roman qui n'en est pas un (car basé sur une famille ayant réellement existé), et malgré un thème gris sombre comme un soir d'automne, j'ai apprécié la façon avec laquelle Valentine Goby a su rendre cette époque des Trente Glorieuses, les débuts de la sécurité sociale, et l'inhumanité des assistantes sociales.

Dans un style concis, sans fioritures, et réaliste, ce livre m'a fait réaliser que, malgré les menus tracas de la vie quotidienne, nous en avions bien de la chance de vivre à notre époque. La morale que j'en tire étant : à force de courage et de volonté, on peut redonner de l'humanité à notre vie, et ce malgré les aleas qu'elle nous réserve.

Un grand merci à @ActesSud et à @priceminister pour cette lecture #MRL16

(Chroniqué dans le cadre de l'opération des Matchs de la Rentrée Littéraire 2.016 organisée par Priceminister)

mardi 29 décembre 2015

La dernière nuit du Raïs, de Yasmina Khadra

C'est suite à l'écoute d'un podcast sur une radio suisse auquel Yasmina Khadra avait été invité pour présenter son dernier livre que j'ai été informé de son projet littéraire - né au lendemain d'un lynchage barbare sans nom en 2.011 - de donner au colonel Kadhafi une dernière fois la parole, en essayant d'en restituer une certaine humanité, tout en prenant soin de ne pas juger l'homme tant décrié.

C'est donc sous la forme d'un long monologue écrit à la première personne du singulier dans une langue française impeccable (c'est aux dires de Yasmina sa seconde dame) que l'auteur - qui partage avec le colonel des origines berbères - nous invite à revenir sur la vie du tyran libyen qui connut la fin atroce que l'on sait.

C'est ainsi qu'au fil des pages, alors qu'il (sur)vit reclus à Syrte dans une école (ou ce qu'il en reste) désaffectée, on (re)découvre un homme qui évoque ses souvenirs d'enfance, ayant possédé des centaines de femmes, démagogue, et au narcissisme démesuré ("Sans moi la Libye ne serait qu'un désastre sans nom et sans lendemain", "Je suis un être d'exception").

Si la structure romanesque alternant actions et méditations parvient à maintenir l'intérêt du lecteur, j'aurais cependant apprécié plus détails à certains moments clé d'une vie plus que mouvementée, au lieu de survoler un peu vite parfois un parcours quelque part unique pour un chef d'état (Kadhafi fut sacré Raïs à l'âge de 27 ans).

J'en retiendrai cependant quelques citations, dont : "Etrange comme les hommes espèrent accéder dans la mort à ce qu'ils n'ont pas acquis pendant leur vie", "Je suis seul face à mon destin, et le destin regarde ailleurs".

Me restera aussi en mémoire cette ironie de l'histoire, à savoir cet homme qui se croyait prédestiné à une fin somptueuse, imaginant son corps exposé au palais présidentiel, bercé par les sourates déclamées par des imams venus de tout le monde arabe, alors que c'est en rat d'égoût croupissant au fond d'un caniveau qu'il expulsera son dernier souffle.

Lu dans le cadre de l'opération "Les Matchs de la Rentrée Littéraire 2015" de #PriceMinister #MRL15






dimanche 12 juillet 2015

La vie de couple des poissons rouges, de Guadalupe Nettel


Détails sur le produit
Quand j'ai vu que la traduction d'une nouvelle oeuvre de la jeune prodige mexicaine - trop peu connue à mon goût - Guadalupe Nettel était disponible en français, je n'ai pu m'empêcher de faire un saut de joie, mon enthousiasme s'expliquant par le fait que je vois (lis) en elle une artiste de la trempe de la bien plus connue Yoko Ogawa, rien de moins.


Dans cet excellent nouvel opus qui compte cinq nouvelles à forte connotation animale, l'auteur nous embarque - comme dans chacun de ses livres - dans son univers étrange, en nous révélant cette fois-ci les liens mystérieux et invisibles qui relient les animmaux aux êtres humains. Ont ainsi droit au chapitre les poissons rouges, les cafards, les chats, les champignons et le serpent qui, tel un miroir "reflètent nos émotions et nos comportements latents que nous n'osons pas regarder en face".

Rien d'exceptionel ni d'attirant au menu, me direz-vous. Oui et non. Car même si les situations de départ semblent à chaque fois anodines et pas dignes d'un intérêt particulier, Guadalupe n'a pas son pareil pour sortir sa l(o)upe, nous montrer ce qui se passe sous la surface des choses et à pointer le doigt sur les forces occulté(e)s qui échappent à notre oeil d'humain. Car comme elle l'a si bien compris, bien souvent, l'intérêt n'est pas dans les choses elles-mêmes, mais dans leur façon de se relier entre elles et au monde.

Son deuxième don est la capacité qu'elle a de nous entraîner dans ses découvertes extra-sensorielles peu ragoûtantes (convenez-en) sans l'avoir l'air d'y toucher et sans contrainte aucune, comme si elle éprouvait un réel plaisir à courtiser nos bas instinct de voyeur - ne serait donc pas le plus animal qui l'on croit ?, telle une araignée tissant une toile aux couleurs enchanteresses pour mieux nous dévorer.

En résumé, fans de Yoko Ogawa, mais aussi amateurs de beauté étrange, de nouvelles mystérieuses au style épuré à la tension croissante, n'hésitez pas. Dépaysement garanti!




samedi 27 décembre 2014

Petits oiseaux, de Yôko Ogawa


(chroniqué dans le cadre de l'opération Les Matchs de la Rentrée Littéraire 2014 de Priceminister (Twitter : #MRL14)

S'il y a une chose qu'on peut à coup sûr attendre de la part des livres de Yoko Ogawa, c'est bien d'être surpris par la palette des thèmes abordés, ainsi que par le ton utilisé.

Son dernier opus ne déroge pas à la règle, en levant un coin du voile sur le monde de deux êtres étrange(r)s vivant en marge de la société et en nous invitant à méditer sur des thèmes tels que la normalité, les exclus de la société et l'individualisme grandissant, le droit à la différence, l'universalité du langage, mais aussi le concept d'interdépendance entres tous les êtres vivants (ici le monde des oiseaux) et non vivants si chère aux bouddhistes.

A travers les (rares) événements qui parsèment le récit, le lecteur en vient à se demander si ce ne sont pas ces deux frères orphelins labellisés 'marginaux' qui - par leur réceptivité à être (vraiment) à l'écoute du monde qui les entoure et par leur capacité à pouvoir communiquer avec les oiseaux via un langage oublié de nous tous - vivent en fait le plus en osmome avec la nature, nous révélant par là notre vie en marge du monde qui nous entoure ?

Si l'on retrouve certes la patte de l'auteure quand à l'étrangeté des situations et des personnages évoqués, ce dernier opus se révèle toutefois être plus intime et moins mystérieux que ses oeuvres antérieures. Les silences prennent ici tout leur sens dans les détails distillés avec parcimonie, un peu à l'image d'une peinture impressioniste / pointilliste.

Vous l'aurez compris : de par son extrême lenteur, l'ouvrage ne laissera pas le lecteur indifférent, au risque de rebuter les fans les plus ardents de Yoko Ogawa.

Je citerais par exemple :

  • "Tous les chants d'oiseaux sont des chants d'amour".
  • "Les oiseaux, en bavardant, ne font que répéter les mots que nous avons oubliés".



Merci en tout cas à ce livre de nous rappeler que le bonheur se cache dans la plus insignifiante des cachettes, et à nous inviter à vivre pleinement notre vie sur base des perceptions ressenties par nos cing sens.

Merci à Priceminister et aux éditions Actes Sud pour cette poétique et inspirante découverte littéraire.






vendredi 26 septembre 2014

Carnets des Cornouailles, de Nadine Ribault

C'est suite à un désir (un besoin ?) de se retirer sur les îles des Cornouailles afin de pouvoir mieux être à l'écoute du monde que Nadine Ribault a décidé à son retour d'en relater les ressentis (impressions et émotions) et rêveries sur ces terres éloignées de tout - y compris de presque toute civilisation - qui néammoins ont réveillé certains de ses souvenirs d'enfance. Récit baignant en pleine nature où les tons gris, bleu, et vert dominent, l'on croise au détour des pages des pêcheurs aimant aller retrouver le monde poétique de la mer, la grotte de Merlin, la naissance d'une île par émergence des entrailles de la terre. Malgré quelques réflexions intéressantes sur le procédé de l'écriture et le monde des arts, j'ai cependant parfois eu un peu de mal à suivre le fil conducteur de l'auteure et à comprendre où elle voulait en venir. Un recueil de rêveries à réserver donc au lecteur n'ayant pas peur de plonger dans un ouvrage où parfois il devra savoir nager sans repère (phare) auquel se raccrocher. 

Merci aux éditions ' Le mot et le reste' de m'avoir permis de chroniquer cet ouvrage !

L'inconstance de l'espèce, de Judith Schalansky

En toute honnêteté, j'ai bien du mal à évaluer si j'ai apprécié cette lecture ou pas. Si le thème de départ avait de quoi intéresser le lecteur curieux de voir le changement des mentalités à travers l'évocation de souvenirs d'une professeur dans une école de l'ex Allemagne de l'Est encore enferrée dans les utopies de l'ancien régime communiste, j'ai cependant souvent eu du mal avec la forme et le ton du récit. La forme prend un ton monocorde, au milieu de phrases sans verbe à la ponctuation parfois bizarroïde. Quant au fond, le gris ressort clairement, tant dans la déprime ressentie par la conteuse déçue par le cours de sa vie (qui ne parle plus à son mari, et dont la fille s'est exilée sous d'autres lattitudes), que par l'évocation des paysages sortis de photos noir et blanc. J'ai aussi eu parfois un peu de mal à saisir où l'auteur voulait en venir. Peut-être ai-je été imperméable à l'aigreur ambiante du récit ? 
Merci en tout cas à Actes Sud pour m'avoir permis cette découverte !

L'oiseau canadèche, de Jim Dodge

Suite aux commentaires élogieux sur la toile, je me suis pris un billet pour un voyage (court, 100 pages) en compagnie des trois héros du livre : Pépé Jake le grand-père ayant découvert via un vieux sage indien la recette d'un élixir baptisé "le Vieux Râle d'Agonie" assurant l'immortalité et ayant pris sous son aile son petit-fils Titou , ainsi que le canard colvert prénommé Canadèche à qui il ne manque que la parole (et encore il arrive à se faire comprendre).

Même si rien ne semble rapprocher Pépé et Titou (le premier aime le jeu, la boisson, la liberté, et les grasses matinées),le sang va les garder unis. Ainsi leurs aventures vont les mener au cinéma en plein air, mais aussi à la chasse au sanglier qui pourrait être la
réincarnation du sage indien ayant filé la recette de l'élixir de jouvence à Pépé Jake.

Si le style et les petites leçons de vie m'ont plu (on sent que l'auteur a vécu certains des épisodes relatés), le livre ne m'a pas emporté.

Une lecture mi figue-mi raison donc.

La destruction des Indes, de Bartolomé de las Casas

Après avoir chroniqué 'La découverte du Japon' paru chez Chandeigne, j'ai pris le bateau direction l'ouest afin de voir ce qui s'y était passé en 1.552. Et tout comme le premier livre cité, on retrouve la marque de fabrique de Chandeigne, à savoir que l'éditeur offre au lecteur un beau livre à double couverture en carton imprimé sur un papier de belle qualité. La préface, s'étalant sur 70 pages, permet au néophyte de se familiariser avec le thème central, à savoir le pamphlet incendiaire écrit par le dominicain Bartolomé de Las Casas visant à dénoncer les atrocités perpétrées par les espagnols dans les Indes Occidentales. Son écrit créera un affrontement entre les colons qui défendaient l'esclavage et les évangélisateurs qui défendaient les droits des Indiens et leur égalité avec les Européens. Même si la dénonciation de Las Casas est sans doute une exagération (il annonce 15 millions de morts, sic!), elle reflète néammoins une indiscutable (et terrible réalité). On saluera au passage le courage de cet homme à dénoncer les cruautés commises par ses compatriotes, ne pouvant les passer sous silence sous peine de s'en sentir partiellement responsable. Des aquarelles et gravures viennent illustrer les propos de l'écrit, où se cotoient pendaisons, scènes de torture et brasier humains. On regrettera cependant que les textes figurant sur les aquarelles n'ont pas été traduits. Deux obstacles pourront rebuter les néophytes (comme moi) : - si le texte abonde à souhait en détails, passant au crible région par région, ce foisonnement, agrémenté de notes additionnelles en fin d'ouvrage, se révèle parfois un peu 'too much'; - le langage utilisé, ainsi que les tournures de phrases, fidèles au texte original, rendent par endroits le sens difficile à saisir; Nul doute cependant qu'à ces 2 exceptions près, l'amateur d'Histoire d'enrichir ses connaissances sur cette période noire de la découvertes des Indes y trouvera son compte. 
Merci aux éditions Chandeigne pour cette découverte !

La découverte du Japon par les Européens, 1543-1551, de Rui Manuel Loureiro

 La première chose qui surprend agréablement le lecteur, c'est 'la forme'. Grâce à la 'touche Chandeigne', il tient en main un beau livre, dans le sens noble du terme, avec deux couvertures en carton épais, imprimé sur du papier de qualité. Les amateurs de livres historiques apprécieront. Quant au fond, ils ne seront pas en reste, tant le contenu est varié, afin de couvrir le thème du livre sous plusieurs angles. On y trouve ainsi : - une préface fort détaillée de 45 pages (excusez du peu) qui permet aux amateurs (dont je faisais partie) de se familiariser avec les faits; - un panel des premières cartes du Japon, faisant apparaître les premières formes un peu farfelues de l'île et convergeant peu à peu vers son apparence correcte; - la découverte de leur pays relatée par les Japonais eux-mêmes; - les premiers témoignages, en commençant par ceux du venitien Marco Polo en 1.298 parlant de Cipango, un texte du gênois Christophe Colomb (1.485) qui cherchait à tout prix des preuves qu'il avait bien atteint l'Asie alors qu'il avait atteint Cuba, le premier témoignage écrit par un observateur européen (1.548), et enfin trois lettres du jésuite François Xavier, important figure de l'évangélisation, qui - après traduction dans différents pays - révéleront la découverte du Japon à l'Europe. Cet éventail de sources contribue à se faire une idée assez complète des faits. En conclusion, même si - pour le commun des mortels - les détails exposés foisonnent parfois un peu trop, ce beau livre ravira les amateurs d'Histoire désireux d'enrichir leurs connaissances à propos de ce que fut la découverte du Japon par les Européens en 1.543. 

Merci aux éditions Chandeigne pour cette découverte !

Comment lutter contre le terrorisme islamiste dans la position du missionnaire, de Tabish Khair



Avec un titre ambigu et à rallonge pareil, le lecteur sent dès le début qu'il s'embarque dans une aventure particulière... Et en effet, sous un air faussement amusé/amusant, l'auteur-acteur (pakistanais) nous relate ses péripéties avec ses deux co-locataires (indiens) ayant émigré au Danemark, terre froide s'il en est, où de plus il ne fait pas bon avoir la peau d'une autre couleur que la neige... Sont relatés des tranches de vie, telles que les aventures avec les voisins, la recherche de l'âme soeur, la cohabitation entre les trois comparses aux moeurs et croyances religieuses fort différentes..., tout cela baignant dans un bain de détails sur le Danemark à propos duquel on apprend plein de choses. Si l'on sourit souvent sur le moment, et que par moments on peut se demander où l'auteur veut en venir, ce n'est que par la suite, avec le recul, qu'on s'aperçoit qu'à travers ces multiples péripéties et anecdotes, il nous a poussé à nous interroger sur des thèmes bien plus sérieux, tels que l'intégration entre les cultures et les religions, la quête de l'amour, et le pouvoir des préjugés. C'est en somme une lecture à la fois plaisante et saine. Que demander de plus ? Merci aux éditions du Sonneur et à LibFly pour cette découverte !




lundi 19 novembre 2012

Je vais passer pour un vieux con, de Philippe Delerm [Seuil]




Et c'est PriceMinister - et plus précisément son opération "Les matchs de la Rentrée Littéraire 2012" à la notoriété croissante - qui m'a permis de chroniquer la dernière oeuvre de Philippe Delerm.



A travers la sélection d'une quarantaine de phrases toutes faites qu'il aime à décortiquer dans le sens grammatical du terme (logique, vu son passé d'instituteur), l'auteur nous convie à son analyse de phrases passées dans le langage courant et se plait ainsi à nous révéler les petits travers de notre quotidien.

Certes, à l'image d'un recueil de nouvelles dont la qualité est (assez souvent) inégale, toutes les expressions présentées ne sortent pas de l'ordinaire. Il n'empêche que certaines ont retenu mon attention, telle "Et ce soir?" - illustrant avec humour la difficulté de caser des activités dans nos agendas surchargés, "Les mots sont dérisoires" - souligant la difficulté de réconforter une connaissance touchée par le deuil, et "Je garde mon maître" - qui fera sourire les amis de nos amis à quatre pattes.

Un petit livre à ne pas lire d'une traite donc; mais plutot à picorer avec parcimonie, deux - trois phrases à la fois.

Pour plus d'infos sur le livre, c'est par ici : http://www.priceminister.com/offer/buy/160582184/je-vais-passer-pour-un-vieux-con-de-philippe-delerm.html


Merci encore à PriceMinister pour cette généreuse opération !

A bientôt pour d'autres lectures.





mercredi 4 juillet 2012

Pourquoi ce monde : Clarice Lispector, une biographie, de Benjamin Moser [Editions Des Femmes]



Quelle jolie découverte que nous propose Benjamin Moser dans sa biographie d’une écrivaine mythique au Brésil et inconnue dans nos contrées, à savoir Clarice Lispector (1920-1977).

Pour notre plus grand bonheur, le livre ne contente pas d’uniquement retracer la vie de Clarice,  mais il  nous fait également découvrir d’autres aspects du Brésil, tels que son histoire, sa politique et sa société, la littérature et le monde de l’édition, le journalisme, etc…

A être exceptionnel, parcours exceptionnel ; comment en aurait-il pu être autrement ?
Ainsi Clarice (née Chaya), juive d’origine ukrainienne, vient au monde sur base d’une superstition selon laquelle un enfant pourrait par sa naissance guérir sa mère d’une maladie (sa mère ayant contracté une syphilis suite à un viol collectif commis par un groupe de soldats russes, et dont elle mettra dix ans à agoniser).  Inutile de dire que Clarice ne se remettra jamais de n’avoir pu réaliser le miracle, à savoir guérir sa mère par sa naissance. Ce traumatisme laissera bien entendu des empreintes quant aux attentes envers la vie et Dieu.

Après cette naissance en milieu apocalyptique, s’ensuivra une émigration salvatrice de sa famille au Brésil (Clarice a alors un an et demi) afin de fuir les affres de la fin de la révolution russe, la famine, et les épidémies de typhus. Même si Clarice ne gardera aucun souvenir des épreuves endurées en Europe, nul doute qu’elles auront influencé son caractère mais aussi son œuvre littéraire inclassable au style hermétique, fragmentaire, elliptique,  allusif, et mystique, ayant tout pour déconcerter les lecteurs même les plus avertis.
Le livre nous fait également voyager dans l’espace, Clarice ayant été la femme d’un diplomate. On s’envole ainsi pour Naples, Berne, Torquay et Washington, même si de son propre aveu, Clarice ne s’est jamais sentie chez elle qu’au Brésil.

Au niveau de l’analyse de l’œuvre littéraire, pour notre plus grand bonheur, les livres de Clarice sont analysés en vue d’aider le lecteur à découvrir les sens cachés et les thèmes récurrents chers à Clarice. Des extraits de lettres viennent compléter la vision du lecteur afin qu’il puisse mieux appréhender la personne hautement complexe se cachant derrière l’écrivaine que des introspections incessantes à l’écoute de ses mondes intérieurs ainsi que les malheurs de la vie ( un divorce, l’éducation seule d’un fils schizophrène, la perte de l’usage d’une main suite à un incendie) entraîneront dans la solitude, le désespoir, les insomnies, les médicaments, et dans la dépression, quand Clarice aura compris qu’elle écrivait pour cesser de penser, mais que l’antidote s’est révélé être empoisonné : «J’écris comme si cela devait permettre de sauver la vie de quelqu’un. Probablement la mienne », «J’écris pour moi-même, pour entendre mon âme parler et chanter, et parfois pleurer ».

Lors de sa dernière interview, en réponse à la question « Vous vous renouvelez à chaque nouveau livre », Clarice aura cette réponse à la hauteur de sa verve : « Nous verrons si je peux renaître. Pour l’instant je suis morte... Je parle depuis ma tombe ». 

En résumé, Benjamin Moser nous invite par ce livre de 400 pages denses agrémentées de 36 pages de notes (excusez du peu !) à  partir à la découverte d’un être mythique, hors du commun, et insondable, si injustement inconnu en Europe. Je compte sur vous pour réparer cette injustice !

P.S. : pour ceux que l’hermétisme et la complexité des livres de Clarice rebuteront, je vous conseille (après avoir lu le livre de Benjamin Moser) de découvrir la personne qu’elle était (Chaya), via deux autres de ses facettes, à savoir «La Découverte du monde, 1967-1973 (Chroniques  chaque samedi dans le Jornal do Brasil) » et  « Le seul moyen de vivre : Lettres (1941-1976) ».

Je tiens à remercier les Editions Des Femmes pour cette merveille découverte.

A bientôt pour de nouveaux coups de coeur.




vendredi 23 mars 2012

Prisonnier au berceau, de Christian Bobin

Ayant toujours un peu hésité à découvrir Christian Bobin - certaines de ses oeuvres m'apparaissant à première vue comme des sortes de recueils de haïkus à la française - , j'ai dû un peu m'en remettre au hasard afin de piocher 'le' livre par lequel j'allais enfin pouvoir aborder le monde si particulier de poète renommé.
Et je pense avoir pêché le 'bon' avec cette petite perle, totalement en accord avec mes affinités en matière de poésie.
En deux mots, l'auteur nous y invite à découvrir sa ville (qui fut aussi son monde) - le Creusot - , avec un style si caractéristique où non pas aucune phrase mais aucun mot n'est de trop.
En moins de cent pages, le lecteur appréciera ce voyage tout en émotions depuis sa fenêtre intérieure.

Et on referme le précieux objet en se réjouissant d'avoir encore des tas d'agréables découvertes littéraires à dénicher...

A bientôt...

samedi 18 février 2012

Arlette, d'Olivier Cabiro [Arléa]

Une fois n'est pas coutume - en plus en pleine synchro purement fortuite avec la Saint-Valentin - je me suis lancé dans la lecture une jolie histoire d'amour légèrement mouvementée qui débute un peu hasard (c'est en fait si souvent le cas...) et un peu par jeu (ça l'est déjà moins), teintée d'exotisme aux senteurs de l'Asie du Sud Est .

Bien lové dans l'histoire, c'est alors que je me suis rendu compte que le narrateur partageait pas mal de points commun avec l'auteur (même prénom Olivier, ayant exercé tous les deux les métiers de banquier, de facteur, de journaliste et de bibliothécaire). Le récit a dès lors pris une toute autre saveur en bouche; à savoir que je n'avais plus entre les mains un roman, mais bien une autobiographie. Les émotions ressenties par les deux héros de cette belle idylle n'ont eu que plus de sens, tant durant les moments euphoriques de l'amour naissant que lors de l'éteinte inexorable de la flamme vainement entretenue par deux êtres que tout pourtant séparait.

Ce réçit m'a rappelé que même si un amour finit par se consumer après vingt ans, il a permis au couple de vivre une expérience unique que ni le temps ni la distance ne pourront effacer de leur mémoire.
Une belle leçon de vie à méditer donc, sur le fait de vivre intensément le moment présent.

Je remercie cordialement les Editions Arléa (http://www.arlea.fr/) pour m'avoir fait découvrir cette belle passion amoureuse (merci aussi pour le marque-page souhaitant d'une agréable lecture), ainsi que le site News Book (http://newsbook.fr/) pour avoir organisé ce partenariat.

P.S. : pour les lecteurs désireux d'en savoir un petit peu plus sur l'auteur, je vous réfère à sa courte bibiographie sur le lien suivant : http://www.arlea.fr/Olivier-Cabiro

A bientôt pour de nouvelles découvertes.

dimanche 4 décembre 2011

Le baiser de la mouche, de Chris Simon


C'est par un heureux hasard que j'ai croisé la route de la nouvelliste franco-américaine Chris Simon qui m'a gentiment proposé de lire son recueil de nouvelles à tendance fantastique.

Si la "nouvelle" n'a pas encore acquis ses lettres de noblesse dans nos européennes contrées (au contraire par exemple de l'Amérique du sud), je dois avouer que Chris Simon tente avec succès d'y contribuer, en partant par sept fois d'un cadre banal au décor planté dès les premières lignes pour y injecter au détour d'une phrase en apparence anodine un élément perturbateur qui vient ébranler nos certitudes de lecteur à qui on ne le fait pas.
On y croise un garçon amoureux d'une fille au point de vouloir garder un morceau d'elle (sa langue), l'apparition d'une bouche au creux d'une main (réalité? rêve? illusion?), un gnome prénommé Apple habitant à New York, un fruit africain dont le noyau renferme une âme.

Le recueil nous permet au cours du même voyage de croiser l'art sous toutes ses formes, comme la littérature, la musique, et la peinture (l'Ecole de Barbizon).

Mention spéciale à la nouvelle qui donne son titre au recueil, qui relate une relation poétique entretenue avec une mouche. L'auteur parvient ainsi à vaincre la vexation exprimée par Julio Cortazar quand il analysait avec recul son conte "Axolotl" : "Ce qui est pour moi exaspérant, c'est cette notion d'incommunicabilité totale qu'il peut y avoir entre une mouche et un homme".

Je vous invite à découvrir l'univers de l'auteure en allant visiter son Blog : http://lebaiserdelamouche.wordpress.com/

Je remercie Chris de m'avoir permis d'explorer ce genre littéraire trop peu connu.

A bientôt pour de nouvelles découvertes...

dimanche 13 novembre 2011

1Q84 tome 1, de Haruki Murakami

Il est enfin arrivé ! Ce fameux 1Q84 que la rentrée littéraire 2011 nous présentait comme un 'must-read' comme disent les anglophones !

J'ai eu la chance de lire le tome 1 de cette trilogie grâce à la généreuse opération "Les matchs de la Rentrée Littéraire 2011" organisée par PriceMinister et Rémi, que je remercie bien évidemment au passage :-)

En deux mots, il s'agit d'un récit à deux voix à la construction simple qui se compose de 24 chapitres, chaque chapitre racontant de manière alternée un moment dans la vie des deux héros principaux : Aomamé, la femme, et Tengo, l'homme.
  
On retrouve dans ce récit comme à chaque fois la 'patte' qui caractérise si clairement Haruki : une histoire apparemment banale au départ prenant peu à peu des touches fantastiques impliquant deux mondes parallèles interconnectant la réalité et le rêve, un style simple (mais pas simpliste) qui assure une grande facilité de lecture, des phrases courtes et des dialogues vivants, et bien évidemment une imagination foisonnante. Les fans devraient donc apprécier ce nouvel opus.

Cependant, la lecture du tome 1 m'a gêné pour trois raisons essentiellement : 
  • Au début, les chapitres Aomamé sont assez intrigants et prenants, car c'est par elle et ses interrogations sur un monde qu'elle trouve changé que démarre le roman; mais peu à peu, les chapitres Aomamé perdent en intérêt et on commence à tourner en rond avec ce personnage. Par contraste, les chapitres Tengo gagnent peu à peu en richesse, car ce personnage d'écrivain en quête de publication est très intéressant et les chapitres Tengo permettent à l'auteur de lancer une réflexion sur le travail de l'écrivain, sur les manigances des éditeurs pour obtenir tel ou tel prix et c'est vraiment passionnant! Enfin, Tengo se retrouve malgré lui entraîné dans une histoire qui le dépasse en même temps qu'elle le fascine... Bref, le personnage de Tengo devient assez vite très supérieur à celui d'Aomamé. 
  • Ensuite - et c'est un problème persistant de la littérature contemporaine (qu'elle soit française, américaine ou japonaise...) - ce sont les passages obligés de scènes érotiques, et il y en a pas mal dans la partie Aomamé. Bien qu'ils ne soient pas (trop) dérangeants, ils n'apportent rien au personnage ni au récit; ils sont donc à mon humble avis largement inutiles. 
  • Enfin, il y a quelques petits détails qui m'ont un peu dérangé; notamment à la fin du roman lorsque apparaissent de curieux petits personnages... Je pense qu'on en saura plus dans les deux tomes suivants; mais en attendant, on a l'impression que Haruki a étiré l'histoire dans le tome 1, sachant qu'il en écrirait deux autres; ce qui nous vaut quelques longueurs superflues, et cela au détriment de la densité du récit.

En conclusion : Récit intéressant à forte connotation imaginative (dans quel bain Haruki est-il tombé étant petit ?) qui 'se mange sans avoir faim', mais qui aurait cependant gagné à être condensé (et donc densifié) en 600 pages (au lieu du triple).

note : le troisième tome de la trilogie paraissant en mars prochain, les mordus se demandent en ce moment comment ils vont tenir le coup jusqu'au dénouement final (le lire en anglais ? voire en japonais ?). 


A bientôt pour de nouvelles découvertes



dimanche 18 septembre 2011

Les Matchs de la Rentrée Littéraire (en partenariat avec PriceMinister)

Une fois n'est pas coutume, j'ai aujourd'hui un bon plan littéraire à vous communiquer.

Grâce à Jostein, j'ai découvert ce partenariat avec Price Minister qui vous permettra de découvrir douze des  romans les plus attendus de cette Rentrée Littéraire 2011, jugez en par vous-même :
  1. Nestor rend les armes, de Clara Dupond-Monod
  2. La belle amour humaine, de Lyonel Trouillot
  3. 1Q84, de Haruki Murakami
  4. Les vaches de Staline, de Sofi Oksanen
  5. Le Pacte des Vierges, de Vanessa Schneider 
  6. Désolations, de David Vann
  7. Tuer le père, d’Amélie Nothomb
  8. Des vies d’oiseaux, de Véronique Ovaldé
  9. Les souvenirs, de David Foenkinos
  10. Limonov, de Emmanuel Carrère
  11. Rien ne s’oppose à la nuit, de Delphine de Vigan
  12. Freedom, de Jonathan Franzen
Comme vous voyez, que du beau linge (euh monde!) : en plus, il y en a pour tous les goûts et tous les styles.

Pour plus d'information sur les détails de cette opération PriceMinister, cliquez avant le 1er octobre (date limite des inscriptions) sur l'image ci-dessous. Bonne chance à vous !



dimanche 24 juillet 2011

La vie rêvée des plantes, de Seung-U Lee

Refermer ce livre m'a confirmé un désarroi qui grandissait en moi avec le temps qui passe : au plus je lis, et au plus je me rends compte que jamais je n'arriverai à lire tous ces livres qui attendent bien sagement dans leur coin pour me faire rêver...

Connaissant mes goûts pour les découvertes littéraires, je me suis cette fois envolé pour la Corée du Sud, avec le premier roman traduit en français (chez Zulma - dont on connait l'art de dénicher les perles) d'un auteur majeur dans la littérature coréenne contemporaine... comme souvent injustement inconnu sous nos lattitudes... ce voyage ne pouvait donc que me plaire sur papier; et il a comblé mes espérances.

A la fois mystérieux avec un zeste subtil de fantastique, mais également à haute teneur poétique de par son univers teinté de plantes et d'arbres, ainsi qu'une réflexion sur les relations et les non-dits entre les membres d'une famille, ce livre m'a fait penser à un savant mélange entre Yoko Ogawa et Murakami. Décidément, la littérature asiatique ne cessera jamais de me surpendre.

Un roman à apprécier également entre les lignes. Je ne peux donc que vous conseiller de vous laisser bercer comme moi par ce fort joli conte.

A bientôt pour mes prochaines découvertes !

dimanche 5 juin 2011

Les hommes sirènes, de Fabienne Juhel (attention pépite !)

Attention pépite !

Autant vous le dire tout de suite : ce livre vient de me confirmer ce que je pressentais déjà depuis un bon moment : il y a 'l'ittérature et 'L'ittérature; à savoir qu'il ne suffit pas - comme trop souvent de nos jours - de lire des mots alignés pour en qualifier automatiquement l'auteur d'écrivain.
Et c'est cette injustice que je tiens modestement à réparer dans ce billet, en vous révélant le nom d'une conteuse - d'une vraie - trop peu connue à mon goût : Fabienne Juhel.
En effet, Fabienne Juhel sait aligner les mots (souvent empreints de poésie) pour en broder des phrases qui nous content une Histoire avec un grand H. Ses mots sonnent justes; même qu'au détour d'une phrase, plus d'une fois elle nous en fait découvrir certains dont on ignorait jusqu'à la signification... Ses chapitres savent éveiller nos sens. Son récit nous fait voyager tant dans l'espace que dans le temps, faisant de nous un spectateur éprouvé par la lutte que se livrent le Bien et le Mal dans ce récit de chemin de croix que parcourt un homme à la recherche de ses racines et recherchant à vivre à nouveau en paix avec son passé.
En un mot comme en cent, l'auteur sait conter avec un réel talent qui fait tellement défaut de nos jours...

De moi vous n'aurez droit à aucun mot sur l'histoire du livre. Laissez-vous bercer par les phrases hautes en couleurs et en odeurs dont le récit est richement peuplé. Vous ne regrettez pas le voyage initiatique perlant de poésie à chaque page, et serez probablement tout comme moi déçu d'être arrivé à destination, en réalisant avoir tourné la dernière page...

Juste reprendre mon souffle pour vous dire que dans un élan d'enthousiasme, je viens de filer à la librairie acquérir les trois précédents ouvrages de Fabienne Juhel.

Ouf : injustice réparée avec mes maigres moyens. Mais je compte sur vous pour passer le mot à votre entourage... Il vous en remerciera par après, on parie ?

A bientôt pour de nouveaux coups de coeur...

dimanche 29 mai 2011

Les années douces, de Hiromi Kawakami

Décidément la littérature japonaise ne cessera jamais de m'étonner... dans le bon sens du terme !
Ce petit travail d'orfèvre - qui ne paie pas de mine de prime abord - nous décrit la rencontre un peu par hasard (encore une oeuvre du destin à coup sûr) entre une jeune femme appréciant sa vie de célibataire et son ancien professeur de japonais, ainsi que la relation qui va naître et se développer entre ces deux êtres solitaires qui vont redécouvrir les petits bonheurs partagés à deux.

Banale histoire déjà écrite moultes fois me direz-vous. Et vous aurez mille fois raison ! Je peux par ailleurs également  comprendre les lecteurs qui n'ont pas été sensibles à la relative 'fadeur' du récit où il ne se passe rien, ou si peu... Mais c'est justement cette apparente banalité de l'histoire que l'auteur se plait à mettre en relief par ces petits détails auxquels la plupart d'entre nous ne prêtons même plus attention; un peu à l'image d'une peintre peaufinant sa toile avec des petits coups de pinceaux discrets ça et là donnant son cachet final à son oeuvre.

Chez Hiromi Kawakami, les évocations véhiculent plus d'émotion que les mots prononcés et les décors participent autant à l'ambiance de la scène que les personnages.

Une très bonne découverte pour moi donc, par laquelle je vous conseille ardemment de vous laisser tenter, à lire tant en hiver enmitouflé sous un gros plaid ou à l'ombre d'un cerisier en fleurs durant la saison ... douce ;-).

A bientôt pour d'autres découvertes

lundi 25 avril 2011

Le théorème d'Almodovar, de Antoni Casas Ros

Premier roman d'un écrivain catalan français, et jolie surprise pour moi qui aime les romans (mais en est-ce bien un ?) avec une touche de poésie...

En deux mots, le narrateur y raconte son parcours (du combattant) suite à un accident de la route (occasionné par un cerf) au cours duquel il perd sa fiancée, mais aussi son visage... En vrai pigeon voyageur, il déménage régulièrement, vivant reclus en donnant des cours de mathématiques via internet, ne sortant que le soir (pour fuir le regard des gens dits normaux), et vivant surtout la nuit.
Il fera des rencontres décisives, comme un transsexuel prostitué au grand coeur, le cinéaste Almodovar , mais aussi le fameux cerf... Tous trois lui en apprendront un peu plus sur ses peurs et ses doutes.

Les thèmes abordés et les réflexions à méditer dans ce court roman sont légion, comme la guerre civile espagnole et le fachisme, la beauté du corps et des arts, le besoin pour tout personne d'être aimée, le regard des autres, la nécessité de vivre SA vie comme on l'entend, ...Tout cela baigné dans un éther de théorèmes mathématiques, de poésie et de surréalisme nous donne - comme vous l'aurez compris - un roman atypique, voire inclassable sortant du lot, comme on aimerait en lire plus. Chapeau donc à l'auteur pour un premier roman de cette verve.

Il va sans dire que son livre 'Enigma' (sortant en juin en poche) compte déjà un lecteur impatient de voir sa sortie en librairie..

A bientôt donc pour un nouveau coup de coeur...

dimanche 10 avril 2011

Confession d'un masque, de Yukio Mishima


Poursuivant ma découverte de l'oeuvre de Mishima, je me suis cette fois attaqué à un livre qu'il à écrit à 24 ans.
Roman que l'on devine aisément fortement autobiographique si l'on compare la vie du personnage principal à celle de Mishima. Une vie sans grand soutien parental, un physique frêle et une santé plus que fragile font sentir dès sa naissance au héros -bien malgré lui- que la vie n'est pas exactement un cadeau (ou un empoisonné alors)... la 'cerise sur la gâteau' étant la découverte de son a-normalité, à savoir son homosexualité combinée à des tendances perverses, voire sadomasochistes. 
Il s'agit donc ici de la confession d'un être se sentant obligé de paraître 'normal', et de vivre ce qu'il considère comme une maladie sous les traits d'un masque. D'où le titre du livre ...

Parler d'un livre aussi dense n'est pas aisé; mais un paragraphe résume assez bien la vision que le héros (et donc Mishima) a de sa vie, ainsi que comment il envisage son (tragique) dénouement : 

"Les raids aériens devenaient plus fréquents. J'en avais une peur extraordinaire et pourtant j'attendais en même temps la mort avec une sorte d'impatience, avec une espérance pleine de douceur. L'avenir était pour moi un lourd fardeau. Dès le début, la vie m'avait écrasé sous un pesant sentiment du devoir. Bien que je fusse de toute évidence incapable d'accomplir ce devoir, la vie me harcelait, me reprochait ce manquement. C'est pourquoi j'aspirais à l'immense soulagement que sans aucun doute m'apporterait la mort si seulement, comme un lutteur, je pouvais arracher de mes épaules le lourds poids de la vie. J'acceptais avec volupté la conception de la mort en honneur pendant la guerre."


On l'aura compris, la vie de Mishima n'avait aucune chance de se terminer en conte de fées... Jusqu'au bout il aura tenu à donner à sa vie (et donc à sa mort) un côté théatral.

Quand j'ai appris que Mishima écrivit ce récit à ving-quatre ans à peine, je fus sidéré par sa maturité à sonder son âme et à analyser avec une telle finesse ses sentiments équivoques.


En résumé, un livre qui n'est certes pas simple à aborder; mais qui mérite le détour pour qui veut en apprendre plus sur les démons et contradictions qui ont hanté la vie de ce grand écrivain qu'est Mishima. 


P.S. : à bientôt pour mes nouvelles découvertes japonisantes (vu que j'y ai pris goût...)


samedi 26 février 2011

Dojoji et autres nouvelles, de Yukio Mishima

Pour une fois, le quatrième de couverture ne trompe pas le lecteur sur la marchandise. Il s'agit bien de faire connaissance en quatre courtes nouvelles avec l'univers de Mishima (pour 2 malheureux euros ! aucune excuse pour ne pas profiter de cette occasion....!). C'est donc par ce court recueil que j'ai commencé. Il m'a plus tant les nouvelles sont différentes tant par la forme (une pièce de théâtre dans "Dodoji"), que le ton (léger dans "La Perle"), et le thème (les geïshas dans "Les Sept Ponts").

Mention spéciale pour "Patriotisme", où il vaut mieux avoir l'estomac (et le ventre) bien accrochés, tant la violence des mots et des images est forte. Le lecteur en devient presque fasciné par la fascination du lieutenant pour la beauté de sa propre mort. Deux thèmes chers à Mishima : beauté et mort; la boucle est bouclée...

Ce recueil m'a en tout cas donné envie de poursuivre ma découverte de cet auteur.

A bientôt pour de nouvelles découvertes ;o)

mardi 21 décembre 2010

Mon blog littéraire est enfin en ligne

Je viens de créer mon modeste blog littéraire suite à ma sélection pour participer à l'initiative Masse Critique du site Babelio. Je critiquerai à cette occasion le livre "Le Bal du Diable" de Nadine Monfils. Voici le résumé bien intriguant que j'en ai reçu :
"Le petit cul moulé dans des rêves de soie, Nina croque l'amour avec gourmandise. Jusqu'au jour où elle épouse le diable aux gants blancs. Séduisant et vénéneux, il l'emprisonne dans son château d'épines, peuplé de nains, de fétichistes, de monstres, de personnages de cirque et d'anges aux ailes de cuir... La descente aux enfers du sexe n'est rien à côté de cette histoire où, avec une plume de " contes de fées ", on pénètre dans les fantasmes les plus vénéneux d'une Belge surréaliste. Lynch violé par Fellini."

J'ai hâte de me plonger dans cet univers  mystérieux que je ne connais pas, même pas en rêve...
Je vous tiendrai au courant - si du moins je survis à cette lecture...

A bientôt donc