vendredi 26 septembre 2014

Carnets des Cornouailles, de Nadine Ribault

C'est suite à un désir (un besoin ?) de se retirer sur les îles des Cornouailles afin de pouvoir mieux être à l'écoute du monde que Nadine Ribault a décidé à son retour d'en relater les ressentis (impressions et émotions) et rêveries sur ces terres éloignées de tout - y compris de presque toute civilisation - qui néammoins ont réveillé certains de ses souvenirs d'enfance. Récit baignant en pleine nature où les tons gris, bleu, et vert dominent, l'on croise au détour des pages des pêcheurs aimant aller retrouver le monde poétique de la mer, la grotte de Merlin, la naissance d'une île par émergence des entrailles de la terre. Malgré quelques réflexions intéressantes sur le procédé de l'écriture et le monde des arts, j'ai cependant parfois eu un peu de mal à suivre le fil conducteur de l'auteure et à comprendre où elle voulait en venir. Un recueil de rêveries à réserver donc au lecteur n'ayant pas peur de plonger dans un ouvrage où parfois il devra savoir nager sans repère (phare) auquel se raccrocher. 

Merci aux éditions ' Le mot et le reste' de m'avoir permis de chroniquer cet ouvrage !

L'inconstance de l'espèce, de Judith Schalansky

En toute honnêteté, j'ai bien du mal à évaluer si j'ai apprécié cette lecture ou pas. Si le thème de départ avait de quoi intéresser le lecteur curieux de voir le changement des mentalités à travers l'évocation de souvenirs d'une professeur dans une école de l'ex Allemagne de l'Est encore enferrée dans les utopies de l'ancien régime communiste, j'ai cependant souvent eu du mal avec la forme et le ton du récit. La forme prend un ton monocorde, au milieu de phrases sans verbe à la ponctuation parfois bizarroïde. Quant au fond, le gris ressort clairement, tant dans la déprime ressentie par la conteuse déçue par le cours de sa vie (qui ne parle plus à son mari, et dont la fille s'est exilée sous d'autres lattitudes), que par l'évocation des paysages sortis de photos noir et blanc. J'ai aussi eu parfois un peu de mal à saisir où l'auteur voulait en venir. Peut-être ai-je été imperméable à l'aigreur ambiante du récit ? 
Merci en tout cas à Actes Sud pour m'avoir permis cette découverte !

L'oiseau canadèche, de Jim Dodge

Suite aux commentaires élogieux sur la toile, je me suis pris un billet pour un voyage (court, 100 pages) en compagnie des trois héros du livre : Pépé Jake le grand-père ayant découvert via un vieux sage indien la recette d'un élixir baptisé "le Vieux Râle d'Agonie" assurant l'immortalité et ayant pris sous son aile son petit-fils Titou , ainsi que le canard colvert prénommé Canadèche à qui il ne manque que la parole (et encore il arrive à se faire comprendre).

Même si rien ne semble rapprocher Pépé et Titou (le premier aime le jeu, la boisson, la liberté, et les grasses matinées),le sang va les garder unis. Ainsi leurs aventures vont les mener au cinéma en plein air, mais aussi à la chasse au sanglier qui pourrait être la
réincarnation du sage indien ayant filé la recette de l'élixir de jouvence à Pépé Jake.

Si le style et les petites leçons de vie m'ont plu (on sent que l'auteur a vécu certains des épisodes relatés), le livre ne m'a pas emporté.

Une lecture mi figue-mi raison donc.

La destruction des Indes, de Bartolomé de las Casas

Après avoir chroniqué 'La découverte du Japon' paru chez Chandeigne, j'ai pris le bateau direction l'ouest afin de voir ce qui s'y était passé en 1.552. Et tout comme le premier livre cité, on retrouve la marque de fabrique de Chandeigne, à savoir que l'éditeur offre au lecteur un beau livre à double couverture en carton imprimé sur un papier de belle qualité. La préface, s'étalant sur 70 pages, permet au néophyte de se familiariser avec le thème central, à savoir le pamphlet incendiaire écrit par le dominicain Bartolomé de Las Casas visant à dénoncer les atrocités perpétrées par les espagnols dans les Indes Occidentales. Son écrit créera un affrontement entre les colons qui défendaient l'esclavage et les évangélisateurs qui défendaient les droits des Indiens et leur égalité avec les Européens. Même si la dénonciation de Las Casas est sans doute une exagération (il annonce 15 millions de morts, sic!), elle reflète néammoins une indiscutable (et terrible réalité). On saluera au passage le courage de cet homme à dénoncer les cruautés commises par ses compatriotes, ne pouvant les passer sous silence sous peine de s'en sentir partiellement responsable. Des aquarelles et gravures viennent illustrer les propos de l'écrit, où se cotoient pendaisons, scènes de torture et brasier humains. On regrettera cependant que les textes figurant sur les aquarelles n'ont pas été traduits. Deux obstacles pourront rebuter les néophytes (comme moi) : - si le texte abonde à souhait en détails, passant au crible région par région, ce foisonnement, agrémenté de notes additionnelles en fin d'ouvrage, se révèle parfois un peu 'too much'; - le langage utilisé, ainsi que les tournures de phrases, fidèles au texte original, rendent par endroits le sens difficile à saisir; Nul doute cependant qu'à ces 2 exceptions près, l'amateur d'Histoire d'enrichir ses connaissances sur cette période noire de la découvertes des Indes y trouvera son compte. 
Merci aux éditions Chandeigne pour cette découverte !

La découverte du Japon par les Européens, 1543-1551, de Rui Manuel Loureiro

 La première chose qui surprend agréablement le lecteur, c'est 'la forme'. Grâce à la 'touche Chandeigne', il tient en main un beau livre, dans le sens noble du terme, avec deux couvertures en carton épais, imprimé sur du papier de qualité. Les amateurs de livres historiques apprécieront. Quant au fond, ils ne seront pas en reste, tant le contenu est varié, afin de couvrir le thème du livre sous plusieurs angles. On y trouve ainsi : - une préface fort détaillée de 45 pages (excusez du peu) qui permet aux amateurs (dont je faisais partie) de se familiariser avec les faits; - un panel des premières cartes du Japon, faisant apparaître les premières formes un peu farfelues de l'île et convergeant peu à peu vers son apparence correcte; - la découverte de leur pays relatée par les Japonais eux-mêmes; - les premiers témoignages, en commençant par ceux du venitien Marco Polo en 1.298 parlant de Cipango, un texte du gênois Christophe Colomb (1.485) qui cherchait à tout prix des preuves qu'il avait bien atteint l'Asie alors qu'il avait atteint Cuba, le premier témoignage écrit par un observateur européen (1.548), et enfin trois lettres du jésuite François Xavier, important figure de l'évangélisation, qui - après traduction dans différents pays - révéleront la découverte du Japon à l'Europe. Cet éventail de sources contribue à se faire une idée assez complète des faits. En conclusion, même si - pour le commun des mortels - les détails exposés foisonnent parfois un peu trop, ce beau livre ravira les amateurs d'Histoire désireux d'enrichir leurs connaissances à propos de ce que fut la découverte du Japon par les Européens en 1.543. 

Merci aux éditions Chandeigne pour cette découverte !

Comment lutter contre le terrorisme islamiste dans la position du missionnaire, de Tabish Khair



Avec un titre ambigu et à rallonge pareil, le lecteur sent dès le début qu'il s'embarque dans une aventure particulière... Et en effet, sous un air faussement amusé/amusant, l'auteur-acteur (pakistanais) nous relate ses péripéties avec ses deux co-locataires (indiens) ayant émigré au Danemark, terre froide s'il en est, où de plus il ne fait pas bon avoir la peau d'une autre couleur que la neige... Sont relatés des tranches de vie, telles que les aventures avec les voisins, la recherche de l'âme soeur, la cohabitation entre les trois comparses aux moeurs et croyances religieuses fort différentes..., tout cela baignant dans un bain de détails sur le Danemark à propos duquel on apprend plein de choses. Si l'on sourit souvent sur le moment, et que par moments on peut se demander où l'auteur veut en venir, ce n'est que par la suite, avec le recul, qu'on s'aperçoit qu'à travers ces multiples péripéties et anecdotes, il nous a poussé à nous interroger sur des thèmes bien plus sérieux, tels que l'intégration entre les cultures et les religions, la quête de l'amour, et le pouvoir des préjugés. C'est en somme une lecture à la fois plaisante et saine. Que demander de plus ? Merci aux éditions du Sonneur et à LibFly pour cette découverte !